Historia
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Depuis leur annexion au domaine royal en 1487, Marseille et la Provence se trouvent au cœur de rivalités internationales. Fin XVIe siècle, le château d’If est au centre des débats.
1589, les guerres de Religion font rage. Henri de Navarre a été couronné roi de France sous le nom de Henri IV. Mais, protestant, il est loin de faire l’unanimité et doit littéralement conquérir son royaume par les armes. À Marseille, les ligueurs , catholiques, ont le pouvoir.
En revanche, le gouverneur de l’île d’If, Nicolas de Beausset, est fidèle à Henri IV. Pour préserver le château des attaques du roi d’Espagne et du duc de Savoie, gagnés à la Ligue, le roi de France cherche des alliés. Tout naturellement, il fait appel au Grand-Duc de Toscane, ennemi des Savoyards. Les Toscans saisissent l’occasion et investissent If. C’est le début d’un épisode qui durera 7 ans.
En 1597, les catholiques de Marseille sont vaincus par Henri IV mais, pour ce dernier, les soucis demeurent. Sur If, les alliés Toscans occupent les remparts ceinturant l’île et le gouverneur garde la forteresse même, craignant un mauvais tour des Italiens. La cohabitation n’est pas très sereine. Pourtant, le Grand-Duc de Toscane s’est engagé « à maintenir le château contre les entreprises des étrangers, et à ne vouloir aucune possession dans le royaume ».
Ferdinand se plaint de la situation au roi de France, « accusant Beausset d’ingratitude en son endroit, et d’infidélité envers le roi ». Puis il sollicite Henri IV pour attribuer le gouvernement du fort à l’un de ses protégés. Le rusé Henri IV gagne du temps, répond qu’il acceptera de rappeler Beausset, sans pour autant nommer le favori de Ferdinand. Comment ce dernier allait-il réagir ?
Mécontent de la réponse évasive de Henri IV à sa demande de placer à la tête du château d’If un de ses capitaines, le Grand-Duc de Toscane utilise alors la manière forte. Le 20 avril 1597, profitant de l’absence du gouverneur de Beausset et de son fils qui devait le remplacer, les Florentins, menés par le capitaine Fulvio, égorgent les sentinelles françaises du château et se rendent maîtres de l’île dans sa totalité.
Par pur protocole, des envoyés royaux demandent des comptes. Les Français commencent alors à construire un fort sur Ratonneau pour bombarder If. Mais quatre galères florentines capturent les frégates françaises chargées de l’approvisionnement du fort. Cette fois, les combats sont inévitables.
Suite au coup de force florentin du 20 avril 1597 qui voit les Toscans s’emparer de l’île d’If en totalité, et une fois toutes les voies de conciliation épuisées, les Français prennent les armes. Le duc de Guise arme deux galères et douze vaisseaux et après cinq heures de combat remporte une bataille qui lui permet seulement de renforcer la garnison de Ratonneau.
If reste aux Florentins, qui essayent même de prendre nuitamment le même fort de Ratonneau, récemment construit par les Français. Mais Beaulieu, son commandant, repousse courageusement l’assaut. Une trêve est finalement négociée pour suspendre les hostilités. Place est laissée à la diplomatie.
Désireux de terminer un épisode qui traîne depuis sept ans et empoisonne une paix intérieure enfin retrouvée, Henri IV envoie dans la ville de Florence, un cardinal et diplomate renommé, Arnaud d’Ossat.
Les Français achètent le départ des Florentins contre quelques 200 000 écus d’or et Henri IV promet d’épouser Marie de Médicis, nièce du Grand-Duc de Toscane… qui apportera en dot 600 000 écus : c’est ce qui s’appelle retomber sur ses pattes !
À If, malgré sa loyale conduite, Beausset paie la faute de son fils négligent. Il est remplacé par Paul de Fortia de Pilles, homme de mérite récemment nommé gouverneur de Berre par Henri IV.
Deux ans et demi après le départ de la garnison toscane du château d’If, acheté par Henri IV, il est de nouveau question de Florentins à Marseille. Ou plutôt de Florentine.
Comment ? Pourquoi ? Parce que la future reine de France, Marie de Médicis, arrive en France pour rejoindre Henri IV, qui ne fait pas le déplacement. Ce qui indique bien dans quelle estime il tient « la grosse banquière » … La cité phocéenne, sans rancune, reçoit la jeune princesse avec magnificence, dépose ses clés d’or à ses pieds et lui offre un service d’argent de 2 000 écus.
Après douze jours d’hommage, Marie prend la route de Lyon pour rejoindre son royal époux. On ne sait pas si au cours de ces festivités, la mère du futur Louis XIII, se rend sur If. L’île était pourtant à l’origine de son destin français…